L'entrepreneur est-il le privilégié dans un marché libre ?

Posted by:
Olivier BAZIRE
on
May 19, 2020

L'entrepreneur est-il le privilégié dans un marché libre ?

Avant de répondre directement, on peut se poser une autre question pour nous aider à réfléchir : la vache est-elle privilégiée au XXIe siècle sous prétexte qu'il n'y en a jamais eu autant ? Je ne sais pas vous, mais je crois que l'époque actuelle fait plus pour le bonheur des fans de steaks que pour celui des bovins…même si la prise en compte massive du bien-être animal pourrait équilibrer un peu la balance.

Maintenant, si on revient à notre question initiale, peut-on placer l'entrepreneur plutôt dans la case du mangeur ou du mangé ? On va faire encore une digression avant de tenter de répondre.

Selon Bastiat dans "abondance et disette (1845)", l'intérêt strictement économique de l'entrepreneur est antisocial car il profite de la disette (on dirait pénurie aujourd'hui). Autrement dit, ses revenus augmentent avec la rareté de l'offre sur son marché. Un médecin a intérêt au numerus clausus et/ou à une hygiène de vie discutable de ses concitoyens, un agriculteur à une catastrophe naturelle chez ses concurrents, un propriétaire de supermarché à la limitation des grandes surfaces dans son secteur…

L'intérêt (encore une fois, strictement économique) des clients est, en revanche, prosocial puisqu'il a intérêt à une abondance d'offres pour avoir des prix bas et un choix large. Ce qui profite à tout le monde…sauf à l'entrepreneur.

La réponse à la question devient donc limpide : dans un marché très concurrentiel, orienté vers la satisfaction du consommateur (et donc prosocial), l'entrepreneur est contraint à l'imagination, à la remise en question perpétuelle et à une charge de travail importante pour gagner sa vie. Il continuera alors à exercer le métier pour lequel il est convaincu d'être performant…si ses clients sont aussi convaincus que lui.

A contrario, sur un marché orienté vers la protection des intérêts de l'entrepreneur (et donc antisocial), si ce dernier peut aussi être imaginatif, se remettre en question ou se fixer une charge de travail importante, il n’y est pas contraint. L’absence de performance n’est alors pas sanctionnée. Elle peut même n’être pas ressentie, ni par l’entrepreneur, ni par ses clients. Comme mes fils qui pensent que leur père, en situation de monopole manifeste, est le plus fort du monde…

Bref, dans la question initiale, « libre » est le mot déterminant. Dans un marché où tout est fait pour permettre l’arrivée de nouveaux entrants, bourrés d’énergie et d’idées nouvelles, l’entrepreneur a le rôle d’idiot utile. C’est lui qui s’engage dans une voie qui va l’obliger à l’excellence, à la performance globale.

Le plus formidable dans tout ça, c’est qu’il en est heureux car c’est de ça qu’il retire sa fierté, sa reconnaissance. Chez UDo, nous militons pour que les marchés soient les plus libres possibles… et nous aidons les entrepreneurs à être plus performants, plus heureux et donc plus utiles.

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